Face à l’épidémie de Coronavirus qui frappe partout dans le monde, certains particuliers et acteurs de l’impression 3D cherchent à aider à leur façon. Mais si nombre d’initiatives sont totalement bénévoles, d’autres naissent d’intentions bien moins louables.

Depuis la mise en confinement instaurée dans plusieurs pays et face à une situation de crise sanitaire, chacun cherche, à sa manière, d’aider comme il peut. Entre véritable envie de bien faire les choses et de participer à faire évoluer la situation et occupation pour faire passer le temps plus vite, la communauté des “makers” et plus spécialement de l’impression 3D est en ébullition depuis quelques semaines.

La situation est peu ou prou la même un peu partout : les moyens manquent au niveau des personnels soignants, dans les cabinets médicaux comme chez les infirmières libérales et les hôpitaux : le personnel manque de moyens de protection, notamment de masques, pour faire face à l’afflux des contaminés.

Pour répondre à cette situation, une des premières idées lancées maladroitement sur les réseaux sociaux et communautés de l’impression 3D a été de proposer des masques imprimés.

Qu’il s’agisse de simple protection ou de modèles plus évolués intégrant une trappe pour y ajouter un filtre mousse ou simple papier mouchoir… Nombre de modèles ont été partagés sur la toile.

Musoir Masque

Or, le concept est une vraie mauvaise idée. D’une part, le processus d’impression 3D implique une fabrication par couches successives qui laissent des stries capables d’accueillir bactéries et microbes sans possibilité de véritablement les nettoyer. Plus globalement, ces masques nécessitent par ailleurs des heures d’impression 3D, ce qui implique que les utilisateurs ne souhaitent pas les jeter au bout de quelques heures seulement… Dans l’incapacité de les stériliser convenablement, ces masques peuvent servir de vecteur de propagation de la maladie, soit typiquement le contraire de leur but initial. Il est également bon de préciser que l’aspect rigide de ces masques ne permet pas de garantir une étanchéité parfaite au porteur, laissant ainsi les projections s’infiltrer jusqu’à sa bouche dans certains cas. Inutile, et même dangereux de fait…

Si l’idée a été largement relayée et que certains l’ont défendue contre toute logique, c’est aussi qu’une société Chilienne baptisée Copper3D a profité du sujet pour s’offrir un très large coup de buzz.

Copper3D est une firme qui fabrique du filament dédié à l’impression 3D et qui a lancé un projet baptisé “NanoHack” avec la diffusion d’un modèle de masque à imprimer en 3D. Le projet met en avant un masque de protection à la norme N95 qui se veut plus performante qu’un simple masque chirurgical basique. Une trappe propose d’insérer un bout de tampon de démaquillage.

Le réel intérêt de ce masque ne se situe pas dans le modèle de masque, mais dans le filament utilisé puisque Copper3D propose du PLA bactéricide. La composition du PLA proposé par la marque le rend intéressant parce qu’il contient des agents qui ne permettent pas aux bactéries et virus de rester très longtemps vivants ou de se développer à sa surface.

La campagne de communication de la marque a plutôt bien marché puisque la firme a écoulé quasiment tous ses stocks de filaments en quelques jours, et ce auprès de la plupart de ses revendeurs. Fallait-il encore lire les petites lignes du projet qui indiquaient que le masque proposé nécessitait une validation sanitaire avant de pouvoir être accepté par les professionnels soignants…

Autre idée, autre concept : la visière de protection anti projection.

Puisque certaines voix se sont rapidement élevées (tant au sein des communautés de l’impression 3D que chez les professionnels de la santé) contre les masques imprimés en 3D, il fallait se tourner vers d’autres idées… Sont alors apparues les fameuses visières de protection.

L’idée est simple : un bandeau imprimé en 3D intègre des encoches sur lesquelles il suffit de venir fixer une pochette de couverture en PVC transparent. Cela crée un masque de protection qui limite les projections. Conjugué à de simples masques chirurgicaux, la protection est véritablement efficace et l’avantage est que la réalisation de ce type de protection est peu couteuse et ne nécessite rien de très élaboré.

Là encore, de nombreux makers se sont regroupés en associations (non officielles), se sont rapprochés des hôpitaux pour organiser des collectes… On a vu naitre des cagnottes en ligne visant la levée de fonds pour l’achat de matières premières nécessaires à la confection de ces visières…

Certes, les prix annoncés peuvent paraitre imposants ($4 pour chaque visière à partir de 50 pièces) alors qu’il ne faut que quelques centimes de filament pour les produire, mais les prix diminuent rapidement avec les quantités, et ce sont les frais logistiques qui handicapent véritablement l’action.

Au danger des arnaques, il faut ajouter que ces produits imprimes  au 3D doivent etre stérilisés convenablement et passer le teste sanitaire avant d’etre donnes au personnel medical faisant face a un virus aussi virulant que le Covid19.

Légèrement modifié, cette article a été posté sur le site web de la Génération NT.